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Bombardements atomiques de Hiroshima et Nagasaki

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Champignon atomique produit par l'explosion sur Hiroshima, le 6 août 1945Les bombardements atomiques de Hiroshima et Nagasaki ont eu lieu les 6 et 9 août 1945 à l'initiative des États-Unis et ont mis fin à la Seconde Guerre mondiale après la capitulation du Japon le 14 août 1945. Ce sont les seuls bombardements nucléaires ayant eu lieu en temps de guerre.

Le nombre de décès est difficile à définir et seules des estimations sont disponibles. Le Département de l'Énergie des États-Unis (DOE) avance les chiffres de 70 000 pour Hiroshima et 40 000 personnes pour Nagasaki, tuées instantanément. À ceci s'ajoute les décès apparus par la suite en raisons de divers types de cancers et pathologies.

Les effets et la justification des bombardements ont été le sujet de nombreux débats et controverses. Tuer des civils est un crime de guerre selon les conventions internationales. Aux États-Unis, la majorité des points de vue s'accordent à dire que les bombes atomiques ont raccourci la guerre de plusieurs mois et ont sauvé la vie de centaines de milliers de soldats, que ce soit dans les camps japonais ou américain. Les États-Unis prévoyaient en effet d'envahir tôt ou tard le Japon dans une campagne nommée opération Downfall. Rétrospectivement, il apparaît toutefois que la menace d'une invasion soviétique a eu beaucoup plus de poids dans la décision de l'Empereur.

Au Japon, l'opinion publique tend à penser que l'utilisation des bombes était superflue car le processus de capitulation était en cours lors des bombardements. Cependant, comme le démontrent les archives rapportant les délibérations entre Hirohito, le cabinet et l'état-major, il n'en était rien : en réponse à la déclaration de Potsdam du 26 juillet, le gouvernement japonais organisa le 28 une conférence de presse au cours de laquelle le premier ministre Suzuki annonça l'intention du Japon « d'ignorer » (mokusatsu) l'ultimatum. Les archives démontrent d'ailleurs que même après les bombardements atomiques, le cabinet demeura profondément divisé. De ce point de vue, ce n'est pas le bombardement mais la déclaration de guerre de l'Union soviétique contre le Japon le 8 août et son invasion de la Mandchourie qui a déterminé la capitulation de Hirohito ; le bombardement étant un facteur secondaire qui n'aura vraiment d'influence que pendant la guerre froide.

Les survivants des explosions, les hibakusha, sont devenus le symbole d'une lutte contre la guerre et les armes atomiques à travers le monde.

Préparatifs des bombardements

Les bombes à l'uranium et au plutonium, développées en parallèle et en secret par les États-Unis (avec l'assistance du Royaume-Uni et du Canada et de nombreux savants européens) sous le nom de code projet Manhattan étaient les deuxième et troisième engins à devoir être utilisés et sont restés les seuls déployés depuis cette date sur un théâtre d'opération.

Le premier essai d'une bombe atomique, Trinity (surnommée « le gadget » en partie du fait que ce n'était pas une arme opérationnelle), eut lieu dans un désert du Nouveau-Mexique le 16 juillet 1945, sur la base aérienne d'Alamogordo. C'était un modèle au plutonium, car les Américains avaient plus de doutes sur cette technologie que sur celle à uranium.

La décision de lancer les bombes sur le Japon fut prise par le président américain Harry S. Truman pour plusieurs raisons que les historiens se sont efforcés d'analyser, pondérer ou écarter : satisfaire l'opinion publique en vengeant les soldats tués sur le front du Pacifique, réduire la durée de la guerre et éviter un débarquement sur l'archipel, mettre en place une stratégie pour contrer l'Union Soviétique et avoir une force de frappe dissuasive ou encore justifier un programme dont le coût avait été exorbitant. D'autres explications sont également avancées ; elles seront reprises et analysées à la fin de cet article.

Peu après la destruction de Hiroshima et avant de lancer une autre bombe sur Nagasaki, Truman lança un dernier avertissement aux autorités japonaises (traduction du texte original) :

C'était pour épargner des vies japonaises d'une destruction totale que l'ultimatum du 26 juillet fut formulé à la Conférence de Potsdam. Leurs dirigeants ont immédiatement rejeté cet ultimatum. S'ils n'acceptent pas maintenant nos conditions, ils doivent s'attendre à un déluge de ruines venu des airs comme il n'en a jamais été vu de semblable sur cette Terre. Après cette attaque aérienne suivront des forces marines et terrestres en nombre et en puissance telles qu'ils n'en ont jamais vu et avec les aptitudes au combat dont ils sont déjà bien conscients.


Comme il est détaillé dans la discussion à la fin de cet article, le fait que les bombardements atomiques aient été ou non justifiés reste depuis lors un sujet de controverse.

Le choix des cibles

 

 

Le Japon avec les deux villes détruites en 1945La réunion du « Comité des objectifs » (Target Committee) à Los Alamos les 10 et 11 mai 1945, choisit les cibles sur le territoire japonais dans cet ordre :

  1. Kyōto ;

  2. Hiroshima ;

  3. Yokohama ;

  4. l'arsenal de Kokura ;

  5. Niigata ;

  6. le palais impérial à Tōkyō (incertain).


     

Selon Robert Jungk (traduction libre) :

Sur la courte liste des cibles pour la bombe atomique, en plus de Hiroshima, Kokura et Niigata, il y avait aussi la ville des temples, Kyōto. Quand l'expert sur le Japon, le professeur Edwin O. Reischauer, entendit cette terrible nouvelle, il se rendit précipitamment dans le bureau de son chef, le major Alfred MacCormack, dans un département des services de renseignement de l'armée. Le choc le fit fondre en larmes. MacCormack, un avocat cultivé avec le respect de la vie humaine, arriva à persuader le secrétaire de la guerre Henry L. Stimson d'accorder un sursis à Kyōto et de retirer la ville de la liste.

Reischauer réfuta cette version dans son livre My Life Between Japan And America, 1986, p. 101 :

J'aurais probablement fait ça si j'en avais eu l'occasion, mais ce récit ne contient pas une once de vérité. Comme il a déjà été amplement prouvé par mon ami Otis Cary de Doshisha à Kyōto, la seule personne qui mérite les honneurs pour avoir sauvé Kyōto de la destruction est Henry L. Stimson, le secrétaire de la Guerre de l'époque, qui avait connu et admiré Kyōto depuis sa lune de miel plus de trois décennies auparavant.

Cette affirmation est partiellement confirmée par Richard Rhodes qui décrit le refus de Stimson au sujet du bombardement de Kyōto, allant contre la volonté du général Leslie Groves.

Le 31 mai 1945, Stimson réunit les principaux acteurs militaires et scientifiques du projet Manhattan. Ils discutèrent des inconvénients liés à un avertissement donné aux Japonais avant l'attaque. Ils craignaient que les Japonais ne déplacent des prisonniers de guerre en direction des zones prévues pour le bombardement ou que les appareils soient abattus. Il se pouvait aussi que la bombe soit un fiasco avec une explosion incomplète. Edward Teller proposa de faire exploser la bombe de nuit, sans Robert Oppenheimer, le « père » de la bombe avec Leslie Groves, général chargé du projet Manhattan.avertissements, au dessus de la baie de Tōkyō pour éviter les pertes humaines et choquer l'opinion. Cette idée fut rejetée : les Japonais avaient déjà prouvé leur combativité sans limite avec les kamikazes et il n'était pas sûr qu'une action sans destruction massive soit suffisante pour les déstabiliser.

Oppenheimer suggéra d'attaquer avec plusieurs bombes le même jour pour définitivement stopper la guerre. Le général Groves s'y opposa car les cibles avaient déjà fait l'objet de bombardements conventionnels et que les effets des bombes ne seraient pas assez significatifs sur ces terrains déjà dévastés. De plus, les estimations à cette date sur la puissance d'une explosion nucléaire (aucun test n'ayant été effectué) ne correspondait au mieux qu'à la moitié, au pire à un dixième de ce qui allait être réellement le cas. Les effets n'étaient pas encore précisément connus. Ce n'est qu'après le test de Trinity que la nature de la mission put être scellée.

Hiroshima

Hiroshima durant la Seconde Guerre mondiale

Située dans la région de Chūgoku sur le delta du fleuve Ota, la ville était divisée en sept îles.

Des camps de l'armée s'étaient installés dans les environs. Parmi les plus importants, on y trouvait ceux de la 5e Division et le centre de commandement du général Hata. Celui-ci gérait l'ensemble de la défense de la partie méridionale de l'archipel. Le quartier général de la seconde armée était situé dans un secteur montagneux de la ville à 10 kilomètres du centre, dans le château de Hiroshima.

Hiroshima était un centre d'approvisionnement important et une base logistique pour les militaires nippons. La ville était un centre de communications, un lieu de stockage et de rassemblement pour les troupes. La population de Hiroshima fut mobilisée, comme d'autres cités japonaises, contre l'envahisseur américain : les femmes et les enfants apprenaient à se battre avec des bâtons et à supporter l'effort de guerre que ce soit dans les bureaux ou les usines.

La cité fut choisie comme cible car elle n'avait pas encore subi de raids aériens : elle constituait une zone idéale pour évaluer l'impact de la bombe atomique. Le centre de la ville possédait plusieurs bâtiments en béton armé de même que des constructions moins solides. En périphérie, les habitations en bois côtoyaient les petits commerces, formant une dense collection de structures légères. Quelques usines s'étaient implantées dans la banlieue. Le risque d'incendie était élevé à Hiroshima : la concentration des bâtiments et les matériaux utilisés étaient propices à une destruction maximale grâce aux effets thermiques de la bombe.

Les informations concernant le nombre de personnes présentes dans la ville lors du bombardement sont très variables, allant de 255 000 à 348 000 habitants. Les estimations données par les troupes et les travailleurs sont probablement imprécises. Le rapport américain indiquant 255 000 habitants s'était appuyé sur les statistiques de rationnement de riz de juin 1945.

Préparatifs

« Little Boy » avant son installation dans la soute.

 

Deux heures après la réussite de l'essai Trinity, les bombes Fat Man et Little Boy prirent le départ depuis San Francisco en direction de Tinian à bord du croiseur Indianapolis. Les Américains avaient prévu deux attaques si la première ne se révélait pas suffisante. Le 26 juillet 1945, elles arrivèrent sur la base américaine. Le 28 juillet et le jour suivant, quatre avions Green Hornet s'envolèrent depuis les États-Unis pour apporter les derniers composants nécessaires aux bombes : le cœur en plutonium pour Fat Man et les cylindres en uranium pour Little Boy.

Le capitaine de l'US Navy William Parsons était chargé de la maintenance et l'organisation de l'assemblage des bombes sur place. Il mit en place les différents ateliers nécessaires à cette opération car on ne savait pas encore combien de bombes seraient employées pour venir à bout du Japon. Pendant ce temps aux États-Unis, la production de matière fissile continuait pour une troisième bombe.

Le seul vecteur possible pour la bombe était le Boeing B-29 Superfortress, unique bombardier lourd capable d'atteindre le Japon à l'époque et une unité spécialement créée pour le bombardement nucléaire fut mise sur pied, le 509th Composite Group.

Little Boy fut installée dans un B-29 mais ne fut pas armée. On craignait en effet que l'avion ne s'écrase et que la bombe ne se déclenche accidentellement, pulvérisant immédiatement l'île. Les accidents avec ces bombardiers étaient courants et les militaires ne voulaient pas prendre de risques. Il fut décidé que l'armement se ferait après le décollage, une des phases les plus délicates de la mission. L'équipe s'entraîna sans relâche pour peaufiner la mission et plus particulièrement Parsons qui était chargé d'armer la bombe en vol avec toutes les responsabilités que cela impliquait.

Le commandant de bord Paul Tibbets décida ensuite de baptiser le B-29 avec un nom unique, celui de sa mère (Enola Gay), pour placer l'avion et son équipage « sous une bonne étoile » comme il le dira lors d'une interview. Peu avant le décollage, des journalistes s'étaient amassés autour du bombardier pour immortaliser l'événement.

Le bombardement

Hiroshima était la cible prioritaire pour le bombardement. Le 6 août 1945, le temps était clair au-dessus de la ville. Plusieurs B-29 (Jabbit III pour Kokura et Full House pour Nagasaki) avaient été envoyés sur les autres cibles si la mission sur Hiroshima venait à être détournée, mais les autres villes étaient toutes couvertes par des nuages. Le B-29 piloté par Paul Tibbets, Enola Gay était parti à 2 h 45 de l'île de Tinian. L'avion transportait avec lui la bombe Little Boy. Celle-ci fut armée en vol par le capitaine de marine William Parsons après le décollage.

L'équipage d'Enola Gay avec Paul Tibbets au centre.

 

Environ une heure avant le bombardement, les Japonais avaient détecté l'approche d'un avion américain sur le sud de l'archipel. L'alerte fut déclenchée avec des annonces à l'attention de la population et un arrêt des programmes de la radio dans plusieurs villes. L'avion survola Hiroshima et disparut. Cet avion était en fait le B-29 de reconnaissance, Straight Flush, qui signala les bonnes conditions de visibilité pour le bombardement. Les radars japonais détectèrent ensuite un nouveau groupe d'avions à haute altitude mais leur nombre peu élevé, seulement trois, fit que l'alerte fut levée après une dizaine de minutes. Les recommandations pour la population étaient de gagner les abris si un B-29 était visible, mais aucun raid n'était attendu mis à part de la reconnaissance.

Il s'agissait en fait des trois B-29 du raid sur Hiroshima qui évoluaient à plus de 9 500 mètres d'altitude :

  1. Enola Gay (bombardement)

  2. The Great Artiste (mesures et relevé de données)

  3. Necessary Evil (photographies, films).

Le second lieutenant, Morris R. Jeppson, fut le dernier à toucher la bombe lorsqu'il plaça les fusibles d'armement. Peu avant 8 h 15, Enola Gay arriva au-dessus de la ville. L'ordre de bombarder fut donné par Tibbets, le major Thomas Ferebee s'exécuta en visant le pont Aioi en forme de T, celui-ci constituant un point de repère idéal au centre de la ville. Peu après 8 h 15, la bombe Little Boy sortit de la soute à une altitude de 9450 m. À 8 h 16 mn 2 s, après environ 43 secondes de chute libre, activée par les capteurs d'altitude et ses radars, elle explosa à 580 mètres à la verticale de l'hôpital Shima, en plein cœur de l'agglomération, à 170 m au sud-est du pont visé, libérant une énergie équivalente à environ 15000 tonnes de TNT.

Une énorme bulle de gaz incandescent de plus de 400 mètres de diamètre se forma en quelques fractions de secondes, rayonnant un puissant rayonnement thermique. En dessous, près de l'hypocentre, la température des surfaces exposées à ce rayonnement s'est élevée un bref instant, très superficiellement, à peut être 4000°C . Des incendies se déclenchèrent même à plusieurs kilomètres. Les personnes exposées à ce flash furent brûlées. Celles protégées à l'intérieur ou par l’ombre des bâtiments furent ensevelis ou blessés par les projections de débris quand quelques secondes plus tard l'onde de choc arriva sur elles. Des vents de 300 à 800 km/h dévastèrent les rues et les habitations. Le long calvaire des survivants ne faisait que commencer alors que le champignon atomique, aspirant la poussière et les débris, débutait son ascension de plusieurs kilomètres.

Vue de Hiroshima, peu après le bombardement.

 

Un énorme foyer généralisé se déclencha rapidement avec des pics de température en certains endroits. Si certaines zones furent épargnées lors de l'explosion, elles devaient par la suite affronter un déluge de feu causé par les mouvements intenses des masses d'air. Cette « tempête de feu » fut similaire à celles observées lors des bombardements incendiaires sur les villes allemandes.

Enola Gay avait entre-temps effectué un virage serré à 155° vers le nord-ouest et rebroussait chemin. Les membres de l'équipage, protégés par des lunettes, purent assister à l'explosion. Bob Lewis, le copilote d'Enola Gay s'écrie :

Mon Dieu, qu'avons-nous fait ? Même si je vis cent ans, je garderai à jamais ces quelques minutes à l'esprit.

Le bombardier rentra à Tinian où l'équipage fut décoré pour sa mission et où une grande fête les attendait. Les deux autres B-29 chargés de récupérer des données restèrent suffisamment longtemps autour du site de l'explosion pour photographier le champignon atomique et les dégâts, filmer les alentours et recueillir des informations sur la mission.

Découverte de la destruction par les Japonais

L'opérateur chargé des liaisons radio à Tōkyō, un employé de la Nippon Hōsō Kyōkai, remarqua que la station de Hiroshima ne répondait plus. Il tenta de rétablir la communication via une autre ligne téléphonique, celle-ci s'était également tue. Environ vingt minutes plus tard, le centre ferroviaire qui gérait les télégraphes à Tōkyō réalisa que la ligne principale avait cessé de fonctionner jusqu'au nord de Hiroshima. Tous ces problèmes furent l'objet d'un rapport auprès du poste de commandement japonais.

Dégâts dans le centre de Hiroshima

 

Le commandement principal tenta à plusieurs reprises d'appeler le centre de commandement de l'armée à Hiroshima. Le silence qui s'ensuivit laissa dubitatifs les responsables de Tōkyō. Ils savaient qu'aucun raid ennemi avec un grand nombre d'avions n'avait eu lieu, les radars n'avaient signalé que quelques avions ici et là. De plus, aucun stock important d'explosifs ne se trouvait à Hiroshima à ce moment-là. Un jeune officiel du quartier général japonais fut alors envoyé d'urgence à Hiroshima par avion pour constater les dégâts et retourner à Tōkyō avec des informations sur des destructions potentielles. On pensait qu'il s'agissait juste de quelques lignes coupées par un bombardement isolé.

L'officier se rendit à l'aéroport et prit son envol en direction du sud-ouest. Après trois heures de vol, son pilote et lui distinguèrent un immense nuage de fumée au dessus de Hiroshima. L'appareil se trouvait pourtant à 160 kilomètres et ne tarda pas à survoler la zone. Ils ne cessèrent de tourner autour de la ville dévastée, les deux membres à bord ne pouvaient croire ce qu'ils voyaient : des incendies à des kilomètres à la ronde, un épais nuage entourant la ville et plus que des ruines. L'avion atterrit au sud de la ville et l'officier prit des mesures après en avoir informé Tōkyō.

La capitale ne sera informée de la cause exacte du désastre que seize heures plus tard. C'est à ce moment que la Maison blanche fit l'annonce publique à Washington.

Pendant ce temps à Hiroshima, les secours tardaient à venir et nombreux furent ceux qui périrent durant les premières heures. Une intense soif gagna les habitants, les victimes cherchaient désespérement de l'eau, mais les soldats avaient reçu l'ordre de ne pas donner à boire aux grands brûlés. Quelques heures après l'explosion, le nuage atomique ayant atteint des zones plus froides et s'étant chargé d'humidité, la pluie se mit à tomber sur Hiroshima. Elle contenait une très grande quantité de poussières radioactives et les cendres lui donnaient une teinte proche du noir. Les survivants les plus atteints ne purent s'empêcher de boire cette eau contaminée qui allait entraîner la mort dans de nombreux cas.

Les victimes

Les brûlures sur le corps de cette femme suivent le motif de son kimono. Les parties foncées du tissu ont absorbé la chaleur alors que les parties claires ont épargné en partie la peau.

 

Le nombre des victimes ne sera sans doute jamais connu car les circonstances (ville en partie évacuée, présence de réfugiés venant d'autres villes, destruction des archives d'état civil, disparition simultanée de tous les membres d’une même famille, crémations de masse) rendent toute comptabilité exacte impossible, en particulier des morts survenus dans les premières heures.

  1. D’après un estimation de 1946 : La population au moment de l’attaque aurait été de 245000 habitants, 70 à 80000 auraient été tués et autant blessés

  2. D’après une estimation de 1956 : sur une population de 256300 âmes, 68000 furent tués et 76000 blessées .

  3. D’après une autre plus récente : Sur une population de 310000, 90 à 140000 personnes furent tués.

  4. D'après le maire d’Hiroshima lors d'un discours politique en 2005, le total des morts s’élèverait à 237 062 personnes. Mais ce nombre est à prendre avec précautions.

Blessures liées au flash lumineux et aux incendies

Blessures retrouvées chez 65% des survivants blessés de Hiroshima et Nagasaki, responsables peut être de 50% des décès, causés par plusieurs mécanismes :

  1. Brûlures de la peau découverte par le rayonnement thermique émis pendant une fraction de seconde au moment de l'explosion. Il faut noter que le moindre obstacle opaque a pu apporter une certaine protection : le port de vêtements, en particulier clairs, l’ombre des bâtiments, le feuillage des arbres... C'est peut être la blessure la plus caractéristique d'une explosion nucléaire.

    1. Des brûlures du premier degré (érythème évoquant un coup de soleil) furent observées à plus de 4 km (occasionnellement 5) de l'hypocentre.

    2. Des brûlures du troisième degré (mortelles si étendues) sur la peau nue jusqu'à 1,5 km (occasionnellement 2,5).

    3. Les personnes proches de l'hypocentre eurent les parties du corps exposées au flash instantanément carbonisées jusqu’à l'hypoderme. Elles agonisèrent en quelques minutes à quelques heures (le rayonnement thermique était de l'ordre de 100 c/cm² libéré en l'espace de 0,3 seconde, ce qui est quinze fois plus important que ce qui provoquerait normalement une brûlure au troisième degré).

On estime que le rayonnement thermique à été responsable directement d’environ 20 à 30% des morts à Hiroshima et Nagasaki.

  1. Brûlures par les flammes : De nombreux incendies éclatèrent dans la ville après l'explosion: en vingt minutes, les feux se réunirent en un seul foyer généralisé, provoquant l'apparition d'une colonne d'air chaud et de vents violents. Cette véritable tempête de feu dura 16 heures et dévasta 11 kilomètres carrés ce qui ne laissa que peu de chances aux victimes, souvent déjà blessées, qui y étaient piégées. Contrairement aux raids incendiaires conventionnels, l'attaque d'Hiroshima limita considérablement les possibilités de fuite de la population en détruisant une large zone. Ce n'est que lorsque l'ensemble du combustible fut épuisé que le feu s'arrêta. Le nombre des décès liés aux incendies est sans doute très important mais impossible à estimer car beaucoup de corps ont été détruits par les flammes.

  2. Un effet secondaire mais tout aussi mortel, fut l'apparition d'une grande quantité de monoxyde de carbone. Ce gaz entraîna l'asphyxie au milieu du foyer et il y eut certainement peu de rescapés (A priori aucun témoignage ne confirme l'assertation d'un dégagement massif de CO).

  3. Enfin, ceux qui avaient les yeux pointés vers la boule de feu eurent la rétine brûlée ou endommagée, provoquant des cécités (le plus souvent réversible). Cette soudaine incapacité à se déplacer empêcha un grand nombre de personnes de trouver un abri et d'échapper à la mort alors que les incendies se développaient.

Blessures liées à l’onde de choc et à l’effet de souffle

Blessures retrouvés chez 70% des survivants blessés de Hiroshima et Nagasaki. Mais rarement graves. L’hypothèse la plus probable est qu’immobilisés les blessés graves ont été condamné quand les incendies se sont développés dans les décombres.

  1. Effet direct: par barotraumatisme: lésions internes par rupture des tympans, des sinus, des poumons ou du tube digestif dues à la variation brutale de la pression au passage de l'onde. A priori de telles lésions ont été peu observés (on n’a retrouvé de lésion des tympans, l’organe le plus fragile, que chez moins de 10% des survivants proche de l’hypocentre).

  2. Indirect, et sans doute bien plus meurtrier :

    1. Le passage de l'onde de choc provoqua l'effondrement des bâtiments (jusqu'à 2 Km dans le cas des habitations en bois). On estime qu’un grand nombre de victimes succombèrent ensevelies sous les décombres, d'autant que des incendies s'y développèrent rapidement.

    2. En se brisant, le bois, le verre et les autres matériaux de construction se transformèrent en des projectiles mortels. Des blessés présentaient des lacérations jusqu'à 2 Km de l'Hypocentre.

    3. le souffle déplaça brutalement les victimes et les blessa par chute ou écrasement.

Irradiation

Causes d’irradiation :

  1. La principale cause a été l'irradiation instantanée au moment de l'explosion (irradiation externe par neutrons et rayons γ émis par les réactions nucléaires dans la bombe). Elle à représenté une dose létale pour 50% des personnes exposées à l’extérieur (soit 4 Gy) à un peu plus de 1 Km de distance de l’hypocentre. Les bâtiments, en particulier ceux en béton, ont apporté une certaine protection.

  2. Beaucoup moins importante car la bombe à explosée loin du sol : irradiation par la radioactivité induite (activation neutronique): Au moment de l'explosion le bombardement par les neutrons a rendu les matériaux prés de l'hypocentre radioactifs par formation de radionucléides. Cette radioactivité a diminué rapidement et est restée confinée à une zone où le rayonnement thermique avait normalement déjà presque tout tué. On estime qu'elle représentait le premier jour, au maximum, une dose cumulée de 0,6 Gy. Du deuxième au cinquième jour elle représentait moins de 0,1 Gy.

  3. Tout aussi anecdotique : Irradiation suite aux retombées radioactives : c'est-à-dire irradiation par les radionucléides produits lors de l'explosion et retombant du nuage atomique sous forme de poussières ou de pluie noire. A Hiroshima l’explosion ayant été aérienne, il y eut assez peu de retombées car le nuage s'éleva rapidement à trés haute altitude où les radionucléides se dispersèrent (dose cumulée totale au maximum au sol de 0,4 Gy).

Les signes d’irradiation on été retrouvés chez 30% des survivants blessés de Hiroshima et Nagasaki, responsable peut être de 5 à 15% des décès, souvent par syndrome d'irradiation aiguë. Le nombre exact des décès liés au syndrome d'irradiation aiguë est difficile à déterminer car la plupart de ces victimes présentaient également des brulures thermiques étendues, rapidement fatales avec une symptomatologie générale assez semblable. Aucun effets des radiations n'a été mis en évidence au delà de 2,4 km de l’hypocentre.

  1. La principale manifestation à donc été le Syndrome d'irradiation aiguë: Quelques jours à quelques semaines après l’attaque les victimes irradiées ont présenté une phase de prodromes avec asthénie, céphalées, nausées, vomissements. Après une phase de latence de quelques jours à quelques semaines au cours de laquelle l'état de santé des victimes semblait s’améliorer survenait une aggravation avec asthénie, céphalées, nausées, vomissements, diarrhée, immunodépression, perte des cheveux, hémorragie et éventuellement décès. Au bout de 4 mois et en l'absence de décès l’évolution s'orientait vers la guérison.

  2. Exposition in utero des fœtus, conséquence de l'irradiation de femmes enceintes. Il à été observé des morts in utero (avortement), des retards de croissance, des retards mentaux ou des malformations (non héréditaires).

Effets médicaux à long terme de l’irradiation

  1. Les leucémies. À partir de 1947 une augmentation de l’incidence des leucémies a été observée parmi les survivants irradiés. Un maximum fut atteint en 1951, ensuite cette incidence a décliné pour disparaitre en 1985. Sur 50000 survivants irradiés suivis de 1950 à 1990, il a été observé 89 cas de leucémies mortelles attribuables aux radiations (soit moins de 0,2% des survivants irradiés suivis).

  2. Les cancers « solides » : Le suivie des survivants irradiés a montré à partir de la fin des années 50 une augmentation progressive de l’incidence des cancers, en particulier ceux du poumon, du tube digestif et du sein. Sur 50000 survivants irradiés suivi de 1950 à 1990, il a été observé 339 cas de cancers mortels attribuables aux radiations (soit environ 0,6%).

  3. Effets médicaux autres que les cancers chez les survivants irradiés: survenue de cataractes, de stérilité (souvent réversible chez l'homme), d’une augmentation de la fréquence des maladies (non cancéreuses) pulmonaires, cardiaques ou digestives avec une possible diminution de la durée de vie. Le nombre de ces décès semble égal au nombre ou à la moitié du nombre de celui due aux cancers et leucémies (soit environ de 0,5 à 1%).

En mars 2007 au Japon, prés de 252000 personnes encore vivantes sont considérés "hibakusha" (survivants de la bombe). Mais sur ce nombre 2242 (moins de 1%) sont reconnues comme souffrant d'une maladie causée par les radiations.

Effets sur la descendance de la population irradiée

Les résultats du suivi des descendants des victimes d'Hiroshima et Nagasaki (30 000 enfants de parents irradiés, ce qui représente une population statistiquement significative) n'a pas permis d'observer une augmentation des malformations ou des troubles génétiques.

Résistance des constructions

Le « Dôme », le bâtiment le plus proche de l'hypocentre ayant résisté à l'explosion. Le Dôme était une vitrine pour la promotion de l'industrie dans la préfecture de Hiroshima.

 

La succursale de la Banque du Japon, à 380 mètres de l'hypocentre, ouvrit à nouveau ses portes deux jours après l'explosion. Le bâtiment est toujours en fonction.

 

Les bâtiments en béton armé au centre de Hiroshima étaient conçus selon des normes antisismiques. Leur structure résista en général aux incroyables contraintes provoquées par la proximité de l'explosion. Du fait de l'explosion aérienne, le souffle avait une direction plus ou moins perpendiculaire par rapport au sol, ce qui limita peut-être les dégâts. La résistance et la protection qu'offrirent ces structures sont mises en évidence par les chiffres suivants : les chances d'être encore vivantes 20 jours plus tard étaient de 50% pour les personnes qui se trouvaient au moment de l'explosion à:

  1. 200 m de l'hypocentre dans un bâtiment en béton (mais chance de survie finale: 12%).

  2. 675 m dans un bâtiment (non précisé, bâtiments scolaires).

  3. 2 Km à l'extérieur d'un bâtiment.

Le « Dôme », centre de promotion de l'industrie de Hiroshima dessiné par l'architecte tchèque Jan Letzel, était très proche de l'hypocentre. Ce bâtiment résista au souffle et fut renommé Mémorial de la paix de Hiroshima. Il fait partie des monuments de l'Unesco depuis 1996 malgré les protestations des États-Unis et de la Chine.

Les résidences traditionnellement en bois furent complètement rasées par le souffle jusqu'à une distance de 2 Km de l'hypocentre. Au delà et jusqu'à 3 Km les dommages étaient importants mais réparables, à la condition qu'elles aient survécu aux incendies qui suivirent.

La réaction du gouvernement japonais

Le bombardement de Hiroshima ne modifia en rien l'attitude de Hirohito et du gouvernement qui continuèrent d'ignorer l'ultimatum et ne prirent aucune mesure pour amorcer le processus de reddition, espérant toujours une issue favorable aux négociations avec l'Union soviétique.

Interrogé sur la question de la responsabilité par rapport à la guerre et au bombardement de Hiroshima par un journaliste de Tokyo le 31 octobre 1975, l'Empereur se fit évasif et tenta de justifier son attitude : « Nous n'avons pas étudié beaucoup cette question littéraire et en conséquence, nous ne la comprenons pas bien et ne pouvons répondre. Pour Hiroshima, c'est très regrettable que les bombes nucléaires aient été larguées et nous sommes désolés pour les citoyens de cette ville. Cela ne pouvait toutefois être empêché car c'est arrivé en temps de guerre. »

Nagasaki

Nagasaki durant la Seconde Guerre mondiale

La ville de Nagasaki était l'un des plus grands ports du sud du Japon et représentait un pion essentiel du complexe militaro-industriel japonais. Diverses industries y étaient implantées : fabriques d'équipements militaires, entreprises chargées de la munition et des bombes, usines pour la construction de navires et d'avions, etc.

Cet important effort de guerre nécessitait des moyens modernes qui contrastaient avec le reste de Nagasaki : les résidences étaient traditionnelles, avec des structures en bois. Les murs étaient en bois avec parfois du plâtre et les toits étaient couverts de tuiles. Les usines de tailles limitées et les bâtiments commerciaux étaient également construits en bois. Les structures ne pouvaient ainsi résister à de fortes explosions.

Nagasaki s'élargit pendant plusieurs années sans vraiment suivre un plan précis. Les habitations furent placées près des usines dans la vallée et la densité des constructions était élevée. Avant l'attaque atomique, Nagasaki n'avait jamais fait l'objet de bombardements à grande échelle. Le 1er août 1945, quelques bombes de forte puissance furent toutefois larguées sur la ville. Quelques-unes de ces bombes frappèrent le port et les constructions navales dans la partie sud-ouest de la ville. D'autres bombes visèrent les usines Mitsubishi et trois bombes sur six touchèrent l'hôpital de Nagasaki. Malgré des dégâts limités, l'impact sur la population fut important : une partie des enfants fut évacuée vers des zones rurales, accompagnée d'autres personnes.

Le bombardement

Le champignon atomique sur Nagasaki est monté jusqu'à une altitude de 18 km.

 

Le matin du 9 août 1945 à 3h49, le B-29 Bockscar partit de Tinian en direction du Japon. À son bord, la bombe Fat Man qui devait être larguée sur Kokura. Deux autres B-29 décollèrent peu après : The Great Artiste piloté par Frederick Bock et The Big Stink piloté par le lieutenant-colonel Hopkins.

Après 10 minutes de vol, le commandant Ashworth activa la bombe en chargeant les fusibles et ordonna de ne pas descendre en dessous de 1500 mètres pour éviter une détonation accidentelle. Les trois avions devaient se donner rendez-vous au dessus de l'île de Yakushima mais « Bockscar » ne rencontra que The Great Artiste. Pendant plus de 40 minutes, les deux bombardiers patientèrent en tournant autour de l'île. Pendant ce temps, les informations météorologiques données par les avions de reconnaissance arrivèrent : des nuages couvraient partiellement Nagasaki et Kokura mais le bombardement était normalement possible.

L'autre avion n'apparaissant pas, ils se dirigèrent vers Kokura. Arrivé au dessus de la ville vers 10h20, l'équipage de Bockscar affronta un nouveau problème : la couverture nuageuse à 70% empêchait le bombardement. Après trois survols de Kokura, l'escadre se dirigea vers Nagasaki, la seconde cible, pour procéder à un bombardement visuel des principales usines de la ville. « Bocksar » dut cependant faire face à un nouvel imprévu avec l'impossibilité de disposer du carburant de réserve.

À 7 h 50, une alerte aérienne fut donnée à Nagasaki mais elle fut rapidement levée aux alentours de 8 h 30. Quand les avions apparurent au dessus de la ville vers 10 h 56, les Japonais pensèrent qu'il s'agissait d'avions de reconnaissance, alors courants, et aucune alarme ne fut donnée.

Quelques minutes avant l'explosion de la bombe, The Great Artiste largua des instruments attachés à trois parachutes. Des messages à destination du professeur Ryukochi Sagane, un physicien spécialisé dans le nucléaire qui avait travaillé avec trois des membres du projet Manhattan, accompagnaient l'équipement parachuté. Les textes lui demandaient d'avertir le public japonais au sujet des dangers de la bombe atomique, mais ces lettres ne furent trouvées qu'à la fin de la guerre.

À 11 h 02, une percée dans les nuages sur Nagasaki permit au bombardier de Bockscar, le capitaine « Kermit » Beahan, de viser la zone prévue, une vallée avec des industries. Fat Man fut alors larguée et explosa à 469 mètres d'altitude. La détonation eut lieu entre les deux cibles potentielles : l'usine d'acierie et d'armement de Mitsubishi au nord et l'usine de torpilles Mitsubishi-Urakami au sud.

Trois ondes de choc atteignirent les deux avions. The Great Artiste continua sa mission scientifique autour de Nagasaki pendant que Bockscar se dirigeait vers le sud. Le retour vers Tinian ne se fit pas sans encombre. Sans carburant de réserve, Bockscar risquait de devoir se poser en mer. Sweeney décida d'atterrir à Okinawa. C'est quasiment en planant que le bombardier arriva sur la piste, un moteur s'était déjà arrêté en vol. Une vingtaine de minutes plus tard, The Great Artiste atterrissait à son tour accompagné de The Big Stink qui s'était dirigé en solo vers Nagasaki pour prendre des photos.

Les trois avions firent le plein de carburant et retournèrent à Tinian où ils arrivèrent le 9 août à 23 h 30. On sait maintenant que les dizaines de minutes supplémentaires passées à attendre The Big Stink permirent à Kokura d'éviter le bombardement suite à une dégradation soudaine des conditions météorologiques.

De même que pour Hiroshima des incertitudes concernant le nombre des victimes existent à Nagasaki. Selon les mêmes sources que nous avions citées à propos de Hiroshima:

  1. D’après l’estimation de 1946 : 35000 personnes auraient été tuées et un peu plus blessés.

  2. D’après celle de 1956 : sur une population de 173800 âmes, 38000 furent tués et 21000 blessées.

  3. D’après la plus récente : Sur une population de 250000, 60 à 80000 personnes furent tuées.

Il existe à Nagasaki quelques particularités par rapport à Hiroshima :

  1. l’arme utilisée étant plus puissante (une puissance équivalente à environ 20000 tonnes de TNT) les dommages proches de l’hypocentre semblent avoir été plus importants.

  2. l’agglomération étant divisée par plusieurs collines les destructions ont été moins étendues car les reliefs ont « masqué » certains quartiers.

  3. l’habitat étant plus diffus la violence des incendies fut plus limitée, ils mirent deux heures pour prendre des proportions importantes, avec une durée de quelques heures et il n'y eut pas de conflagration généralisée.

  4. l’arme étant d’un modèle différent (bombe à plutonium au lieu d’une bombe à uranium) la répartition du rayonnement γ et neutrons à été différente, ce qui semble avoir modifié la fréquence des types de leucémies observées.

Après les bombardements

Annonce dans la presse

Vue aérienne de Nagasaki, avant et après l'explosion.

 

Dès l'annonce par Truman de l'attaque sur Hiroshima, la nouvelle fait le tour du monde. La presse américaine titre « Atomic bomb, World's Most Deadly, Blasts Japan; New Era in Warfare is Opened by U.S Secret Weapon », « Atom Bomb, World's Greatest, Hits Japs ! » ou encore « Japan City Blasted by Atomic Bomb ». Le New York Times couvre largement l'événement, le mot atomique apparaît des centaines de fois dans l'édition du 7 août.

Le gouvernement américain avait veillé à ne pas trop donner de détails sur l'explosion à Hiroshima. Il occulte en particulier les effets des radiations et la lente agonie des survivants. Les militaires voulaient surtout donner l'impression d'être en possession d'une bombe conventionnelle équivalente à plusieurs dizaines de milliers de tonnes de TNT. Aucune photo de la ville de Hiroshima ou du champignon atomique ne sont fournies pour l'édition du 6 août, les journaux se contentent de signaler la position de la ville sur une carte.

En France, l'Aube annonce que « La première bombe atomique a été lancée sur le Japon ». Au Japon, les annonces sont plus discrètes et volontairement faussées, la presse parle de « bombes incendiaires » qui ont causé « quelques dégâts ». Les jours suivants, la situation étant impossible à cacher, les propos se feront plus nuancés en parlant d'un « nouveau type de bombe ».

Dès le 7 août, les militaires confirment la dévastation de plus de 60 % de Hiroshima sans mentionner les pertes humaines. Une photographie aérienne de Hiroshima prise par l'US Air Force est diffusée avec une trentaine de cibles dont seulement quatre objectifs véritablement militaires.

Au fil des jours, des informations seront données pour apaiser la curiosité croissante du public. Les journaux disposent alors de 14 coupures fournies par le Pentagone et les utilisent quasiment sans retouches à la plus grande satisfaction du gouvernement. Ils parlent du projet Manhattan sous des titres encore très flous comme « Atom Bombs Made in 3 Hidden Cities » (les bombes atomiques construites dans trois villes cachées). Tibbets et son équipage ne donnent que quelques détails concernant uniquement ce qu'ils ont vu après l'explosion. Parsons indique que sa seule satisfaction fut que la bombe ait correctement explosé et qu'elle « valait la peine pour raccourcir la guerre ».

Presque tous les journaux étaient favorables à la décision de bombarder le Japon. Un léger remord toutefois pour le Washington Post qui écrit :

Même si nous déplorons cette nécessité [d'attaquer avec la bombe atomique], une lutte jusqu'à la mort oblige tous les combattants à infliger un maximum de dégâts à l'ennemi et ceci dans le plus court laps de temps. (...) Nous exprimons sans réserve notre gratitude à l'égard de la science pour nous avoir donné cette nouvelle arme avant la fin de la guerre.

Les 7 et 8 août 1945, aucun journal ne sera publié à Hiroshima. Trente-cinq ans plus tard, le 6 août 1980, une édition spéciale « Hiroshima Tokuho » (le journal fantôme) relata les faits comme si l'explosion venait de se produire et que ses trois reporters accompagnés d'un caméraman avançaient en direction de l'hypocentre.

La troisième bombe

La troisième bombe aurait été du type « Fat Man » au plutonium (modèle Mark MK III).

 

Après le bombardement de Nagasaki et l'entrée en guerre de l'Union soviétique contre le Japon, les négociations s'activèrent. La fin de la guerre semblait proche mais les États-Unis préparaient le lancement d'une troisième bombe au cas où les deux premières missions n'auraient pas été suffisantes. Le capitaine William Parsons ne fut pas autorisé à quitter l'île de Tinian avant la reddition. Il devait en effet assurer l'approvisionnement et l'assemblage des bombes supplémentaires si le Japon persistait dans le conflit. Les militaires américains voulaient faire croire aux Japonais qu'ils disposaient d'un nombre illimité d'armes nucléaires. Les théories sur la troisième bombe sont multiples mais les témoignages se recoupent sur un point : une bombe supplémentaire ne pouvait pas être prête avant quelques semaines.

On pense également que les militaires avaient eu une grande marge de manœuvre de la part de Truman. Stanley Goldberg fait remarquer que c'est probablement le général Groves qui eut le dernier mot pour le bombardement sur Nagasaki. Groves devait démontrer l'importance de cette bombe pour expliquer l'énorme investissement consenti pour le projet Manhattan.

Dans les archives du général Spaatz, il est mentionné que l'US Air Force désirait larguer la troisième bombe sur Tōkyō si les Japonais ne rendaient pas les armes assez vite. En réponse à cette requête, il était indiqué que la décision avait déjà été prise et que la cible serait Sapporo sur l'île d'Hokkaido.

Le major Charles Sweeney, pilote de Bockscar, prit part au dernier raid contre le Japon le 14 août 1945. Les B-29 les plus importants (Enola Gay et Bockscar) restèrent sur Tinian, de même que The Great Artiste qui contenait tout le matériel nécessaire à l'analyse d'une autre explosion atomique. Deux B-29 s'envolèrent pour les États-Unis afin de charger du matériel et des composants destinés à l'assemblage d'une bombe supplémentaire.

Richard Frank affirme que le général Marshall et le général Groves avaient retardé le transport de la troisième bombe et que celle-ci ne pouvait pas être disponible avant le 21 août 1945. Selon Chuck Hansen, les États-Unis disposaient de deux bombes de type Fat Man à la fin de l'année 1945 mais on ne connaît pas la date exacte de leur assemblage.

Quant aux scientifiques du Laboratoire national de Los Alamos, plusieurs témoignages concordent pour dire qu'un cœur de plutonium était en cours de fabrication et de livraison. Oppenheimer ordonna lui-même, sans un ordre explicite de Truman, de ne pas charger la matière radioactive qui devait prendre la route de San Francisco. Ce morceau de plutonium devait vraisemblablement arriver à Tinian aux alentours du 20 août.

La reddition du Japon

L'invasion soviétique au Manzhouguo précipita la décision de Hirohito, le 9 août, il demanda à son garde des sceaux Kōichi Kido d'organiser une conférence impériale pour « contrôler la situation » car « l'Union soviétique a déclaré la guerre et débuté les hostilités contre nous ». Au cours de cette conférence tenue dans la nuit du 9 au 10, l'Empereur annonça sa décision de se rendre à l'ultimatum des alliés et demanda la préparation d'une déclaration impériale à la condition que cette déclaration « ne porte pas préjudice aux prérogatives de Sa Majesté à titre de Souverain ».

Le 12, Hirohito informa officiellement la famille impériale de sa décision. Le prince Asaka, l'un des oncles de l'Empereur, lui demanda alors : « La guerre continuera-t-elle si l'institution impériale et la politique nationale (kokutai) ne peuvent être préservées ? » Ce à quoi Hirohito répondit laconiquement : « Bien sûr. »

Le 14, pendant qu'une tentative de mutinerie d'un petit groupe de militaires opposés à la reddition était matée, Hirohito approuva la déclaration impériale et, le lendemain, livra son célèbre discours à la radio.

Le 17, il émit un « édit aux soldats et aux marins » leur ordonnant de déposer les armes et liant sa décision de procéder à la reddition à l'invasion soviétique du Manchukuo, passant sous silence les bombardements atomiques.

Rappel : chronologie des événements

Chronologie de la capitulation du Japon (1945)

 

  1. 8 mai : jour Victory in Europe

  2. 21 juin : l'empire du Japon perd Okinawa

  3. 9 juillet : planification de Downfall, opération Olympic, ratio de trois contre un au sud de Kyūshū

  4. 26 juillet : ultimatum remis par les trois Grands depuis Potsdam

  5. 29 juillet : le conseil impérial refuse sans répondre ; recherche d'une voie diplomatique avec les Soviétiques

  6. 2 août : Quittant Potsdam, Harry Truman apprend que l'invasion Olympic est compromise : l'option bombe A est décidée

  7. 6 août : Enola Gay largue Little Boy sur Hiroshima - Truman déclare « Si [vos dirigeants] n'acceptent pas maintenant nos conditions, ils doivent s'attendre à un déluge de ruines venu des airs comme il n'en a jamais été vu de semblable sur cette Terre. »

  8. 8 août : l'URSS déclare la guerre au Japon et entre au Manzhouguo

  9. 9 août : Bockscar largue Fat Man sur Nagasaki

  10. 14 août : le conseil impérial accepte la capitulation sans conditions

  11. 15 août : jour Victory over Japan ; Hirohito s'adresse à la nation

  12. 28 août : la troisième flotte américaine entre dans la baie de Tōkyō, occupation militaire du Japon ; l'Armée rouge prend alors les Kouriles

  13. 2 septembre : Douglas MacArthur préside la signature des actes de capitulation du Japon.

Arrivée des Américains

Le 28 août 1945, les Américains débarquent sur l'archipel sous les ordres du général George Marshall. Des groupes d'experts sont envoyés à Hiroshima et Nagasaki. Ils doivent faire un compte rendu de la situation tant au niveau humain que militaire avec la destruction des bâtiments. Les Japonais sont surpris par l'élégance de ces officiers qui se mettent à interviewer des centaines de personnes. Ces témoignages permettront de mieux estimer les effets des bombes sur la population.

Les envoyés spéciaux sont tous abasourdis par l'étendue des dégâts. Le 5 septembre, le journaliste William Burchett publie un compte-rendu dans le Daily Express :

Fillette de 11 ans qui avait perdu ses cheveux plus d'une semaine après l'explosion. Elle se trouvait dans une maison en bois à 2 km de l'hypocentre.

 

À Hiroshima, trente jours après la première bombe atomique qui détruisit la ville et fit trembler le monde, des gens qui n'avaient pas été atteints pendant le cataclysme, sont encore aujourd'hui en train de mourir mystérieusement, horriblement, d'un mal inconnu pour lequel je n'ai pas d'autre nom que celui de peste atomique. (…) Leurs cheveux tombent. Des tâches bleuâtres apparaissent sur leurs corps. Et puis ils se mettent à saigner, des oreilles, du nez, de la bouche. Au début, les médecins attribuèrent ces symptômes à un état de faiblesse généralisée. Ils firent à leur patient des injections de vitamine A. Les résultats furent horribles, la chair se mit à pourrir autour du trou fait par l'aiguille de la seringue. (…) Depuis, (les personnes) meurent à la cadence de 100 par jour.

Dès sa capitulation, le Japon est sous tutelle américaine. Le pays connaîtra un sort similaire à l'Allemagne avec des arrestations des principaux dignitaires. À l'instar du procès de Nuremberg, le tribunal de Tōkyō condamne les accusés dont Hideki Tōjō pour leurs crimes de guerre (Tōjō sera pendu le 22 décembre 1948). L'empereur Hirohito ne sera pas menacé et restera sur le trône jusqu'à sa mort en 1989.

L'office de censure compte environ 6000 employés en 1946. Ceux-ci sont chargés d'écouter les communications et de limiter le pouvoir de la presse. Les journalistes ne sont pas autorisés à enquêter sur les bombes atomiques et les effets constatés dans les deux villes sinistrées.

Le 3 novembre 1946, la nouvelle constitution, modelée selon les désirs des forces alliées, est adoptée puis définitivement validée le 7 mai 1947. Les États-Unis occupent le Japon jusqu'en avril 1952. Certaines îles ne seront restituées au Japon que dans les années 1970.

Analyse comparative des bombardements américains

Des groupes d'experts de l'armée américaine, envoyés au Japon immédiatement après l'explosion atomique pour analyser les dégâts, ont estimé que la bombe sur Hiroshima était équivalente à un raid aérien de 220 B-29 transportant 1 200 tonnes de bombes incendiaires, 400 tonnes de bombes de forte puissance et 500 tonnes de bombes à fragmentation. Hiroshima compte 140 000 morts à la fin 1945 ; Nagasaki, 74 000 morts et 75 000 blessés lors de l'explosion.

A titre de comparaison, le bombardement de Dresde, l'un des plus gros bombardements de la Seconde guerre mondiale qui a eu lieu en Allemagne du 13 au 15 février 1945, nécessita 580 bombardiers (B-17 et Avro Lancaster). Au total 1 554 tonnes de bombes conventionnelles et 164 tonnes de bombes incendiaires anéantirent la ville. Le nombre de morts varie selon les sources, se situant dans une fourchette comprise entre 25 000 et 40 000 morts.

Hambourg subira un sort similaire lors de l'opération Gomorrhe mais sur une durée d'environ 10 jours avec 2 714 avions et 8 650 tonnes de bombes conventionnelles qui firent 40 000 morts. Les historiens estiment que le nombre total d'Allemands tués dans des bombardements pendant la Seconde Guerre mondiale se situe dans un intervalle compris entre 305 000 (rapport de l'US Strategic Bombing en 1945) et 600000.

Débat sur la décision de procéder aux bombardements

Les arguments pour ces bombardements

Malgré une voie diplomatique discrète qui s'engagea avec les autorités civiles nippones dès janvier 1945 (après l'invasion de Luçon aux Philippines), les partisans des bombardements mirent en avant les problèmes avec les militaires japonais qui refusaient toute négociation. Si certains membres du gouvernement civil firent des efforts en direction de la paix, ils n'avaient pas le pouvoir pour obtenir un cessez-le-feu et encore moins une reddition. En tant que monarchie, le « pays du Soleil-Levant » ne pouvait entamer le chemin de la paix qu'avec le support du cabinet japonais. Mais celui-ci était dominé par les militaires de l'armée impériale et de la marine, un noyau dur qui ne voulait céder sous aucun prétexte. Une scission se forma alors entre l'armée et le pouvoir civil.

La résistance des Japonais

Bataille d'Okinawa : « nettoyage » au lance-flamme d'un abri japonais par un soldat américain.

 

L'historien Victor Davis Hanson met en évidence la résistance croissante des Japonais, détermination qui apparaît futile après coup puisque le conflit était voué à une issue inéluctable selon lui. La bataille d'Okinawa montra la capacité des Japonais à se battre à n'importe quel prix, les soldats nippons allant même jusqu'à se suicider pour ne pas tomber aux mains de l'ennemi. Plus de 110 000 Japonais et 12 520 Américains furent tués lors de l'affrontement le plus sanglant de la guerre du Pacifique. Les « Marines » durent faire appel au lance-flammes et aux grenades pour éliminer les dernières poches de résistance. Les dernières forces des Japonais, les kamikazes, déferlèrent sur les navires américains et alliés en causant des pertes importantes. Cette bataille (d'avril à fin juin 1945) se termina seulement deux mois avant la capitulation du Japon.

Lorsque l'Union soviétique déclara la guerre au Japon le 8 août 1945 et lança l'opération Tempête d'août, l'armée impériale ordonna à ses dernières forces en Mandchourie de se battre jusqu'à la mort. Le major général Masakazu Amanu, chef de la section des opérations au quartier général de l'armée, était confiant en ses structures défensives qu'il avait minutieusement préparées dès le début de 1944. Selon lui, les Alliés ne pouvaient pas envahir les îles de l'archipel. Avec la détermination de son armée et le respect du code des samouraï, le Japon était convaincu de l'emporter.

Après la destruction de Hiroshima, le pouvoir civil essaya de convaincre les militaires que la capitulation selon les conditions posées à la Conférence de Yalta était la seule solution. Après l'anéantissement de Nagasaki, l'empereur Hirohito dut intervenir lui-même pour débloquer la situation politique dans le pays.

D'après certains historiens japonais, les dirigeants civils partisans de la capitulation virent une sorte de délivrance dans les bombardements atomiques. Les deux villes devenaient un argument de choc contre la poursuite du conflit. Koichi Kido, un des proches conseillers de l'empereur, déclara Nous, les partisans de la paix, fûmes aidés par la bombe atomique dans notre quête pour l'arrêt de la guerre. Hisatsune Sakomizu, le secrétaire en chef du cabinet en 1945, décrivit les bombardements comme une occasion en or venue du ciel qui permet au Japon de cesser la guerre.

Plusieurs historiens s'accordent à dire que l'opposition civile avança des arguments qui furent suffisants pour convaincre les militaires de l'inutilité de la poursuite de la guerre : ni le courage sans limite des soldats, ni la détermination lors des combats ne pouvaient aider le Japon contre la destruction totale par les armes atomiques. Akio Morita, fondateur de Sony et officier de la marine durant la guerre, était convaincu que c'était bien les bombes atomiques et non les raids antérieurs des B-29 sur le reste de l'archipel qui avaient obligé les militaires à capituler.

Le cout humain d'une prolongation des hostilités

Le 15 août 1945, le Japon capitule. Le 2 septembre à bord du Missouri dans la baie de Tōkyō, le général Yoshijiro Umezu signe la capitulation face au général Douglas MacArthur.

 

Les partisans du bombardement nucléaire affirmèrent qu'attendre la capitulation du Japon n'était pas une option sans conséquence.





 

La poursuite du bombardement des villes japonaises

Plusieurs fois par semaine des vagues de B-29 chargés d'engin incendiaires attaquaient les agglomérations grandes ou moyennes de l'archipel. L'ampleur des dommages était largement comparable en ordre de grandeur aux attaques nucléaires. Si ces raids étaient sur le coup moins meurtriers, leurs effets à long terme étaient aussi terrible en privant des centaines de milliers de personnes d'abris, de vêtements et de ressources, ce qui en ces temps de disette pouvait être synonyme de mort.

Surfaces urbaines détruites (bombardements nucléaires non compris) en km² de juin à août 1945

1-7 juin

8-14 juin

15-21 juin

22-30 juin

1-7 juillet

8-14 juillet

15-21 juillet

22-31 juillet

1-7 aout

8-14 aout

25,2

0

37,2

10,2

31,3

20,93

18,4

20,5

27,45

5,1

En comparaison : l'attaque d'Hiroshima détruisit 12 km², celle de Nagasaki 6 km².

Le blocus du Japon

A l'été 1945 le blocus du Japon était presque complet. Les sous marins et l'aviation US avaient le control des eaux côtières. Complété par le minage à grande échelle (opération famine) les importations et le transport de marchandises entre les différentes îles de l'archipel s'interrompit presque complètement. La désorganisation de l'économie du pays devait devenir complète avec l'attaque par l'aviation des voies de communications intérieures (voies ferrés...), finissant par isoler les villes entre elles. Si cette opération permettait de réduire à néant la production industrielle nipponne ses conséquences humaines n’étaient pas nulles. Le japon étant importateur sur le plan alimentaire, la ration moyenne par tête était tombé de 2000 calories avant guerre à 1900 en 44. Avant de chuter à 1650 à l'été 45. Cette situation de malnutrition se serait sans doute aggravée avec le prolongement des hostilités. La famine et les maladies auraient alors été responsables d'un bilan encore plus lourd que celui des bombes atomiques.

L'invasion du Japon

Les Américains prévoyaient à partir de la fin 45 une invasion terrestre du Japon, l'opération Downfall. Sa durée et son cout humain dépendaient fortement de la résistance de l'armée impériale et de la population japonaise face à l'envahisseur. Elle devait s'articuler en deux parties :

  1. L'opération Olympic: l'invasion de Kyushu en novembre 1945 par 767000 soldats alliés (plus que le débarquement en Normandie!).

  2. Si Olympic avait été insuffisante pour obtenir la reddition, il aurait fallut lancer l'Opération Coronet sur Honshu et Tōkyō en mars 1946 avec deux fois plus d'hommes qu'Olympic, impliquant un redéploiement massif des troupes combattantes américaines depuis l'Europe.

Pertes américaines

Le 18 juin 1945, lors d'une réunion avec le Président Truman, le General Marshall, estima que les pertes (tués, blessés, disparus) des 30 premiers jours de l'invasion de Kyushu pourraient s'élever à 31000. Mais l'amiral Leahy fit remarquer qu’elles pourraient aussi être proportionnelles à celle de la Bataille d'Okinawa, rendant le bilan bien plus couteux. En effet, à Okinawa, 180000 américains affrontèrent pendant 3 mois 120000 japonais : les pertes américaines s'élevèrent à 48000 (presque le tiers de l'effectif engagé). Avec Olympic 767000 américains auraient du affronter peut être 600000 soldats japonais... Et l'Opération Coronet aurait été encore plus meurtrière : 1,4 million d'américains auraient affronté 2 à 3 millions de japonais jusqu'à peut être fin 1946... Apres la guerre le président Truman parla de projection de pertes pour l'armée américaine de un demi à un million. Si l'origine de ces chiffres est inconnue, l'ordre de grandeur ne paraît pas invraisemblable comparé au bilan d'Okinawa.

Pertes japonaises

Dans une autre perspective, il ne faut pas perdre de vue le cout humain d'une telle opération terrestre pour les japonais. A Okinawa, les soldats de l'armée impériale s'étaient fait tué presque jusqu'au dernier, et beaucoup de civils avaient préféré se suicider par familles entières plutôt que d'être fait prisonnier. Et à cela se serait ajouté le bilan de un ou deux ans de famine supplémentaire pour les populations.

Les prisonniers de guerre

Outre les arguments invoqués précédemment, les Américains pensaient que la bombe atomique serait une solution pour forcer le Japon à libérer les centaines de milliers de prisonniers de guerre et civils enfermés dans les camps de concentration japonais disséminés un peu partout en Asie.

Le caporal Noel Havenborg, prisonnier de guerre américain à Luzon aux Philippines

 

La bombe serait également à même d'arrêter les atrocités japonaises en Chine et dans l'ensemble de la Sphère de coprospérité de la grande Asie orientale ainsi que le travail forcé pour les ressortissants de divers pays asiatiques. Le sort des prisonniers de guerre devint particulièrement préoccupant lorsque le ministre de la guerre ordonna le 1er août 1944 d'exécuter les prisonniers alliés si le Japon venait à être envahi. Il est également probable que le Japon eut mené de telles actions punitives en cas de famine prolongée.

En réponse à l'argument des pertes civiles et des crimes de guerre provoqués par l'utilisation de l'arme atomique, les partisans des bombardements mirent en avant le non-respect total des conventions internationales par le Japon que ce soit sur le plan militaire ou civil :

  1. travail forcé des civils (y compris les femmes et les enfants), dont 10 millions de civils chinois enrôlés seulement au Manchukuo;

  2. utilisation d'armes biologiques et d'armes chimiques contre la Chine, fabriquées par les unités de recherche de Shiro Ishii (dont notamment la peste à Changde, de l'aveu même d'accusés nippons au procès de Khabarovsk)

  3. expérimentation des armes bactériologiques et chimiques par ces mêmes unités sur des milliers de cobayes humains

  4. entraînement des enfants et des femmes pour mener la guérilla en cas d'invasion;

  5. crimes contre les prisonniers de guerre et les populations civiles.

L'attaque surprise à Pearl Harbor restait profondément gravée dans les esprits et le Japon était considéré comme un ennemi fourbe qu'il ne fallait plus ménager. Le père John A. Siemes, professeur de philosophie à l'université catholique de Tōkyō et témoin de l'explosion à Hiroshima écrivit :

Nous avons discuté tous ensemble au sujet de l'éthique derrière l'utilisation de la bombe. Certains la classaient comme les gaz toxiques et étaient contre son utilisation sur des populations civiles. D'autres pensaient que dans la guerre totale menée par le Japon, il n'y avait pas de différence entre les soldats et les civils. La bombe en elle-même était une force efficace pour stopper l'effusion de sang, obliger le Japon à capituler et ainsi éviter la destruction totale. Il me semble logique que celui qui promeut la guerre totale ne peut pas, par principe, critiquer la guerre contre les populations civiles.

Sur les treize prisonniers de guerre américains présents à Hiroshima le jour de l'explosion, seuls deux survécurent. Le gouvernement américain pouvait se permettre ces quelques pertes collatérales. Elles auraient été probablement supérieures si la menace d'une attaque atomique eut été proférée à l'encontre du Japon avant de procéder au bombardement.

La thèse de l'URSS

Joseph Staline.

 

Les scientifiques qui travaillèrent sur le projet témoigneront plus tard des pressions exercées à un haut niveau pour terminer la bombe selon un calendrier bien précis. Ce dernier était étroitement lié aux agissements des Soviétiques et leur entrée en guerre prévue pour le 8 août. Certains historiens avancent ainsi la thèse de l'URSS qui prenait trop d'importance et qu'il fallait tenir à l'écart des territoires japonais. La guerre soviético-japonaise, au lieu des 10 mois ou plus escomptés, allait durer seulement 6 jours.

Pour eux, c'est l'imminence de la déclaration de guerre de l'URSS au Japon prévue lors des accords de Yalta trois mois après la capitulation de l'Allemagne (soit au 8 août 1945), qui est le facteur déterminant. En effet, si à Yalta en février 1945, les États-Unis avaient demandé l'aide de l'URSS pour les aider à finir une guerre coûteuse en vies humaines avec le Japon, six mois plus tard, avec leur nouvelle puissance nucléaire ils n'avaient plus besoin de composer avec cet allié encombrant pour terminer le conflit et en partager les profits (zones d'influence, bases militaires, etc.). Les États-Unis voulaient ainsi prouver à Staline qu'ils étaient présents aussi bien à Berlin qu'en Asie, et qu'ils s'opposaient au développement du communisme, du moins au Japon.

On peut ainsi considérer que ces bombardements atomiques étaient en quelque sorte le signe annonciateur de la guerre froide et une démonstration de force de la part des États-Unis à l'encontre de Staline. L'Union soviétique supportera par la suite divers conflits en Asie que ce soit la guerre d'Indochine, de Corée ou du Viêt Nam. Le Japon évitera les effets de l'expansion du communisme dans la région grâce à cette tutelle américaine.

Autres arguments

Des critiques pensent que les États-Unis avaient d'autres motivations pour les bombardements.

  1. Les Etats Unis étant une démocratie les hommes politique ne pouvaient ignorer l'opinion publique. Il faut noter que Truman n'a pas été élu comme président, mais come vice-président. C'est la mort de son prédécesseur, très populaire, qui lui avait permis d'accéder à ce poste en avril 1945. Dans cette situation il pouvait être tenté de prendre une décision qui renforcerait rapidement sa popularité, surtout face à l'entourage de l'ancien président qui ne le tenait pas en éstime.

    1. Tout les moyens devaient être utilisés pour abréger le conflit et limiter le nombre de GI's tués (chaque décès correspondant à la perte d'un enfant pour un couple d'électeur).

    2. Il fallait laver l'affront de Pearl Harbor.

    3. Il fallait justifier les deux milliards de dollars investis dans le projet Manhattan.

  1. Il existait peut être une tentation chez les militaires de compléter les essais de la bombe par une utilisation opérationnelle.

 

Pour l'historien spécialiste des États-Unis André Kaspi :

« Chacun jugera en son âme et conscience, si Truman a eu raison ou tort, s'il a fait tout ce qu'il fallait faire pour éviter le dernier massacre de la guerre. À condition de ne pas oublier que les Allemands et les Japonais eux-mêmes avaient déclenché le conflit, que des soldats alliés mourraient encore au début de l'été 1945 dans les îles du Pacifique et en Chine, que la découverte des charniers, des camps de concentration et des geôles japonaises de la jungle n'incitait pas à la pitié envers les vaincus. »

Les arguments contre ces bombardements

De nombreuses voix se sont élevées contre l'utilisation militaire des bombes atomiques et se sont interrogées sur la nécessité des attaques sur Hiroshima et Nagasaki. Cette décision reste encore fortement critiquée que ce soit au Japon, aux États-Unis ou dans le reste du monde. L'arme atomique a toujours fait peur et dès la fin de la guerre, plusieurs thèses tendent à faire penser que ces bombes n'étaient pas nécessaires pour stopper le conflit.

La bombe atomique : un crime de guerre ?

Aspects moraux

Un cénotaphe dans le parc de la paix de Hiroshima. Une inscription sans sujet dit : Reste  en paix, pour … ne répète pas à nouveau l'erreur. Cette construction qui est naturelle dans la langue japonaise était destinée à rendre un hommage aux victimes sans politiser et entrer dans la controverse

 

Le projet Manhattan était à l'origine destiné à contrecarrer le programme nucléaire de l'Allemagne nazie. Suite à la défaite du IIIe Reich, plusieurs scientifiques qui travaillaient sur le projet eurent le sentiment que les États-Unis ne devaient pas être les premiers à utiliser de telles armes. Albert Einstein sera réticent face à la bombe et Leó Szilárd, qui était largement impliqué dans le développement de la bombe, dira après la guerre :

Si les Allemands avaient largué des bombes atomiques à notre place, nous aurions qualifié de crimes de guerre les bombardements atomiques sur des villes, nous aurions condamné à mort les coupables allemands lors du procès de Nuremberg et les aurions pendus.

L'utilisation du nucléaire à des fins militaires a été qualifiée de « barbare » puisque plusieurs centaines de milliers de civils avaient péri et que les cibles étaient dans des villes fortement peuplées. Durant les préparatifs des bombardements, des scientifiques dont Edward Teller firent remarquer qu'il serait préférable d'employer la bombe sur une zone inhabitée ou en plein ciel pendant la nuit, afin d'avertir les Japonais.

L'inhumanité du bombardement aérien de civils avait été fermement dénoncée par Roosevelt le 1er septembre 1939 lors d'un appel aux gouvernements européens (traduction libre) :

Au cours des hostilités qui ont sévi dans différents endroits du monde ces dernières années, le bombardement aérien sans retenue de civils dans des centres de population non fortifiés a mutilé et tué des milliers de femmes et enfants sans défense, et a profondément choqué la conscience de l'humanité.

S'il devait y avoir recours à cette barbarie inhumaine pendant la tragique période de confrontration, à laquelle le monde se trouve aujourd'hui confronté, des centaines de milliers d'êtres humains innocents, qui ne sont pas responsables du conflit et qui n'y participent ni de près ni de loin, perdraient maintenant la vie.

J'adresse donc cet appel urgent à tout les gouvernements qui pourraient prendre part aux hostilités à affirmer publiquement sa détermination à ne pas engager ses forces armées dans le bombardement aérien de populations civiles ou de villes non fortifiées, dans aucun cas et dans aucunes circonstances, pourvu que ces mêmes règles de guerre soient scrupuleusement respectées par leurs adversaires.

Je demande une réponse immédiate.

Aspects légaux

Depuis 1945 la légalité des bombardements strategiques et de l'usage des armes nucléaires reste un point discuté du droit international.

Il a été avancé que l'utilisation d'armes atomiques à grande échelle contre les populations civiles était un crime de guerre, voire un crime contre l'humanité.

  1. Lors des bombardements, les États-Unis étaient signataires des Conventions de la Haye de 1899 et 1907. La seconde interdit :

    1. l'emploi de poison ou d'armes empoisonnées (Art. 23)

    2. l'attaque ou le bombardement, par tout moyen, de villes, villages, habitations et bâtiments non défendus (Art. 24)

Cependant, ces textes sont peut être insuffisants pour qualifier le crime de guerre : d’une part, Hiroshima et Nagasaki, deux centres militaires d'importance, ne peuvent pas être considérées non défendues. D'autre part, les effets des radiations restent secondaires par rapport aux effets incendiaires et mécaniques de ces armes qui ne pourraient donc être considérés comme empoisonnées (ces termes ont été entendus dans leur sens ordinaire comme couvrant des armes dont l'effet premier, ou même exclusif, est d'empoisonner ou d'asphyxier).

  1. Les États-Unis avaient tenté d'interdire le bombardement indiscerné de civils dans une Convention de la Haye sur les coutumes de guerre, qu'ils avaient signée en 1923. Elle stipulait :

    1. Le bombardement aérien visant à terroriser la population civile, à détruire ou endommager des biens de nature non militaire ou à blesser des non-combattants est interdit. (Art. 22)

    2. Le bombardement de cités, villes, villages, habitations et bâtiments hors des environs immédiats des opérations militaires terrestres est interdit. Dans les cas où les objectifs spécifiés au paragraphe 2 sont situés de sorte à ce qu'ils ne puissent pas être bombardés sans un bombardement indiscerné de la population civile, l'avion doit s'abstenir de bombarder. (Art. 24-3)

Cependant cette convention n'entra jamais en vigueur.

  1. La quatrième convention de Genève interdit toute mesure de représailles visant les civils ou leurs biens.

    1. Cependant, cette convention, signée en 1949, ne s'appliquait pas à l'époque des faits (Il est à noter toutefois que l'argument de non-rétroactivité du droit n'a pas empêché les Alliés de condamner des dignitaires allemands pour crime contre l'humanité lors des procès de Nuremberg, bien que la notion fût définie à posteriori).

    2. La présence de casernes et d'usines participants à l'effort de guerre pourrait faire considérer ces deux villes comme des objectifs militaires légitime (ces bombardements ne visant alors pas les civils).

Une abscence de justification militaire

Une statue dans le parc de la paix à Nagasaki

 

Les avis divergent quant à la capacité du Japon à résister aux attaques. Pour les opposants à l'atomisation, le Japon était déjà profondément affaibli dès le début de 1945 et la capitulation inéluctable. Le général Dwight D. Eisenhower était de cet avis et en informa Henry Stimson en juillet 1945. L'officier le plus haut gradé dans le théâtre des opérations en Pacifique était le général Douglas MacArthur. Il ne fut pas consulté au sujet des bombardements mais dira après coup qu'il n'y avait pas de justification militaire pour cette attaque. La même opinion sera donnée par l'amiral William Leahy, le général Carl Spaatz (commandant de l'US Air Force dans le Pacifique) et le brigadier général Carter Clarke (officier des renseignements). Le major général Curtis LeMay, l'amiral Ernest King (chef des opérations navales), l'amiral Chester Nimitz (commandant en chef de la marine dans le Pacifique) émettront également des doutes au sujet des bombardements atomiques.

Eisenhower écrira dans son mémoire The White House Years :

En 1945, le secrétaire de la guerre Stimson, alors en visite dans mon quartier général en Allemagne, m'informa que notre gouvernement était en train de préparer le largage d'une bombe atomique sur le Japon. J'étais de ceux qui avaient le sentiment qu'il devait y avoir un certain nombre de raisons valables pour mettre en doute la sagesse d'un tel acte. Durant son exposition des faits importants, je fus empli d'un sentiment de tristesse et fis part de mon profond désaccord, tout d'abord sur la base de ma conviction que le Japon était déjà battu et que le bombardement était complètement inutile, ensuite parce que je pensais que notre pays ne devait pas choquer l'opinion mondiale par l'utilisation d'une bombe que je ne pensais pas nécessaire pour sauver la vie des Américains. (p. 312-313)

Plus loin, il ajoute :

MacArthur pensait que le bombardement était complètement inutile d'un point de vue militaire (p. 775)

Une étude, le United States Strategic Bombing Survey, organisée par l'armée américaine après la capitulation, consista à interroger des centaines de dirigeants militaires et civils japonais au sujet des bombardements, il en ressort que :

D'après une étude poussée de tous les faits et avec l'appui des témoignages de dirigeants japonais encore en vie, le groupe d'étude est de l'avis que le Japon aurait certainement capitulé avant le 31 décembre 1945 et peut-être même avant le 1er novembre 1945. Et cela même si les bombes n'avaient pas été larguées, même si l'URSS n'était pas entrée en guerre, et même si aucune invasion n'avait été planifiée et envisagée.

Le clivage entre le pouvoir civil et les militaires japonais

Le code Purple, nom donné par les Américains à la machine utilisée par les Japonais pour chiffrer leur message

 

D'autres affirment que le Japon avait essayé de se rendre pendant au moins deux mois, mais les États-Unis refusèrent en insistant pour que la reddition se fasse sans conditions. En fait, alors que plusieurs diplomates favorisaient la capitulation, les chefs militaires japonais préparaient l'armée à livrer une bataille décisive. Les diplomates pensaient qu'ils pourraient mieux négocier les clauses de l'armistice de cette façon. Les Américains connaissaient parfaitement les plans japonais, le chiffrement utilisé par l'armée nippone, le code 97 avait été percé par les cryptanalystes.

Le gouvernement japonais n'a jamais décidé quelles seraient les limites à fixer pour la capitulation, si ce n'est la préservation du système impérial. Même après l'attaque sur Nagasaki, le Conseil suprême était toujours divisé mais la majorité désirait que le Japon démobilise ses propres forces en échange de quoi, les autorités ne seraient pas poursuivies pour crimes de guerre et le territoire ne serait pas occupé. Seule l'intervention directe de l'empereur mit un terme aux dissensions, sans éviter toutefois une tentative de coup d'État qui fut rapidement contrée.

Une autre critique à l'égard des bombardements concerne la rapidité avec laquelle les États-Unis ont estimé les effets de l'entrée en guerre de l'Union soviétique contre le Japon. Sans recul sur la situation générale, la décision de bombarder fut prise de manière hâtive. Les Américains savaient, contrairement aux Japonais, que l'URSS entrerait en guerre trois mois après la victoire en Europe. Comme l'URSS ne pouvait plus jouer le rôle de médiateur dans le conflit et que le monde entrait progressivement dans la guerre froide, il devenait évident pour certains Japonais que le meilleur moyen de conserver l'empereur sur le trône était d'accepter les conditions posées par la partie adverse.

L'invasion de l'archipel n'étant pas imminente, les États-Unis n'avaient rien à perdre à attendre quelques jours pour voir comment la situation évoluerait. La décision de capituler était antérieure aux attaques successives menées par l'URSS en Mandchourie, l'île de Sakhaline et les îles Kuril. Hokkaido aurait sûrement été envahie par l'URSS avant que les Alliés n'atteignent Kyushu. Selon cette thèse, le but de la manœuvre était donc de faire comprendre aux Soviétiques de rester à l'écart.

D'autres sources japonaises indiquent que les bombardements atomiques n'étaient pas la principale cause de la capitulation. La véritable raison avait sa source dans les victoires massives des Soviétiques tout autour du Japon. Les Japonais craignaient plus une occupation soviétique que la présence des Américains sur l'île. Il est clair que les deux parties adverses avaient pesé de tout leur poids dans la décision mais les Japonais étaient persuadés que Staline remplacerait la monarchie par le communisme, chose inconcevable pour eux.

Autres critiques

La jeune Sadako Sasaki, morte d'un cancer dix ans après Hiroshima, devint le symbole de la lutte contre le nucléaire. Un monument a été érigé en son honneur avec des grues en papier, symbole de paix que la petite fille aimait confectionner

 

D'autres pensent encore que des efforts supplémentaires auraient dû être consentis pour réduire le nombre de victimes. Outre ces considérations sur les pertes humaines, le but principal de l'attaque était d'avoir un effet de surprise optimal. La décision des stratèges américains était claire : il ne fallait pas donner d'avertissement avant le largage.

Après le bombardement sur Hiroshima, Truman annonça que « s'ils n'acceptent pas nos conditions maintenant, ils peuvent s'attendre à une pluie de ruines qui tombent du ciel ». Le 8 août 1945, des tracts furent largués au dessus du Japon et des avertissements transmis via Radio Saipan. La zone proche de Nagasaki ne reçut pas de tracts avant le 10 août, soit un jour après l'explosion. La propagande avec des informations imprimées sur de petits morceaux de papier avait pourtant été lancée durant les semaines qui précédaient l'attaque nucléaire.

Un autre sujet de discorde concerne le laps de temps entre la destruction de Hiroshima et celle de Nagasaki. Certaines personnes avancent que les arguments favorables à l'utilisation de la bombe ne s'appliquaient pas à Nagasaki. Dans sa nouvelle semi-autobiographique Timequake, Kurt Vonnegut écrit que si la bombe a sauvé la vie de ses camarades de l'US Air Force, Nagasaki a montré à quel point les États-Unis étaient capables d'une cruauté sans compassion.

Tracts

Le 8 août 1945, des tracts imprimés sur de petites feuilles de papier sont largués sur le Japon :


日本の人々に: アメリカ合衆国はこのリーフレットで我々が言うことにあなた方の速やかな注意を向けるよう申し上げる。我々は人類が発明した中でも最も破壊力のある爆弾を 所有している。我々が新しく開発した原子爆弾の一つ一つが巨大なB-29爆撃機が単一の任務で積載する爆弾の2000機分に実際に匹敵する。この恐るべき 事実はあなた方にとっては熟考するべきものであり、我々は断固としてこれが正確であることを厳粛に保証する。我々はあなた方の国土に対してこの兵器を使用 し始めたところである。今だ疑いを持つならば、たった一つの原子爆弾が投下された時、広島で何が起こったかを聞いてみることだ。この無益な戦争を引き伸ば している軍隊の全ての資源を破壊するためにこの爆弾を使用する前に、天皇に今すぐ戦争を終えることを嘆願するように我々はあなた方に申し上げる。 我々の大統領はあなた方のために名誉ある降伏の13の結果の概略を述べた。あなた方がこれらの結果を受入れ、新しく、より良いそして平和を愛する日本を築 き始めることを我々は強く勧める。軍隊の抵抗を終わらせるための行動を今起こすべきである。さもなければ、我々はこの戦争をすみやかに、武力によって終わ らせるため、固い決意の下、この爆弾そして更に優れた兵器全てを行使するものである。


À L'ATTENTION DU PEUPLE JAPONAIS

L'Amérique demande que vous prêtiez immédiatement attention à ce que nous allons lire sur cette feuille.

Nous sommes en possession de l'explosif le plus destructeur jamais conçu par l'homme. Une seule de nos bombes atomiques, que nous avons récemment développées, est équivalente à la puissance explosive de 2 000 B-29 lors d'une seule mission. Cette affreuse affirmation doit vous faire réfléchir et nous pouvons vous assurer solennellement qu'elle est terriblement exacte.

Nous venons juste de commencer à utiliser cette arme contre votre patrie. Si vous avez un quelconque doute, faites une enquête et demandez ce qui s'est passé à Hiroshima quand une seule de nos bombes est tombée sur la ville.

Avant d'utiliser cette bombe pour détruire toutes les ressources militaires qui permettent de continuer cette guerre inutile, nous vous demandons de faire une pétition à l'attention de l'empereur pour cesser la guerre. Notre président a exposé les treize conséquences d'une capitulation honorable. Nous vous pressons d'accepter ces conséquences et de commencer le processus de construction d'un nouveau Japon, meilleur et en paix.

Vous devriez prendre maintenant des décisions pour arrêter la résistance militaire. Nous devrons autrement nous résoudre à utiliser cette bombe et toutes nos autres armes supérieures pour cesser rapidement et avec force cette guerre.

Source Wikipedia



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Dernière modification : 29/09/2015 - 17:58:30
 


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